Parc-Extension : quand la solidarité répond aux inégalités

28 Avr 25

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Parc-Extension est un quartier vibrant, façonné par une diversité culturelle unique et un fort tissu communautaire. Pourtant, derrière cette richesse humaine, se cachent des défis socio-économiques majeurs qui redéfinissent le quotidien de ses habitant.e.s. Un récent portrait de quartier met en lumière ces enjeux, révélant à la fois les difficultés croissantes et la résilience remarquable de la communauté. C’est dans ce contexte que Petites-Mains, implanté au cœur de Parc-Extension, joue un rôle essentiel en soutenant les populations vulnérables et en favorisant l’insertion sociale et professionnelle des femmes immigrantes.

Un quartier riche humainement, mais fragilisé économiquement

Dernièrement, un portrait de Parc-Extension a été publié par sa Table de quartier. Ce document regroupe des données publiques et institutionnelles concernant le territoire sociologique du quartier, permettant d’en dresser un tableau sociodémographique.  

Carte de Parc-Extension

Image tirée du rapport de la table de concertation de Parc Ex : « Portrait de quartier 2025 Parc-Extension« 

Enclavé entre de grandes artères, autoroutes et voies ferrées, Parc-Extension se caractérise par la diversité de ses habitants et la cohabitation des cultures dans l’un des territoires les plus densément peuplés du pays. Sa situation géographique particulière a mené ce secteur à se mouvoir à un rythme différent du reste de l’Île de Montréal, le plaçant ainsi dans les extrêmes au niveau des données recueillies : 

  • Ménages : les ménages sont plus nombreux sous un même toit
  • Pauvreté : le revenu médian, de 24 800 $ après impôt, est le plus bas du Québec — bien loin des 39 560 $ enregistrés à l’échelle provinciale
  • Situation géographique : Bien que situé de manière relativement centrale, Parc-Extension est enclavé par des autoroutes et des voies ferrées, ce qui complique les déplacements et allonge le temps moyen pour se rendre au travail.
  • Mobilité : Les résidents utilisent d’ailleurs les transports en commun en plus grande proportion que dans d’autres secteurs de la ville.
  • Propriété : Parc-Extension se distingue par une forte proportion de ménages locataires et une pression immobilière croissante.

Pourtant, au cœur de ces défis, certaines données étonnent : 

  • Espérance de vie des femmes : les femmes y vivent en moyenne jusqu’à 93,8 ans
  • Cancer : la prévalence du cancer est la plus faible de l’Île de Montréal.

Le tissu social solide et la présence importante d’organismes communautaires ont longtemps permis de pallier les défis rencontrés par les habitant.e.s de Parc-Extension. 

Les personnes locatrices situées sur le territoire payaient considérablement moins cher que le reste de la population montréalaise. Toutefois, la gentrification d’une section du quartier et l’augmentation du coût de la vie a mené à un bris de cet équilibre fragile. Le Portrait de quartier nomme une hausse importante des évictions, des reprises de logements et de l’atteinte au droit d’habitation dans les dernières années.

Les femmes immigrantes, au croisement des discriminations

Ces changements accentuent la pression économique sur les habitant.e.s de Parc-Extension, où le taux de chômage est significativement plus élevé que sur l’ensemble de l’Île de Montréal. Cette situation est intimement liée à des discriminations systémiques, notamment à l’embauche. Les femmes immigrantes, en particulier, se retrouvent à l’intersection de plusieurs formes d’inégalités qui freinent leur accès au marché du travail.

Selon une étude de la CNESST (2023), plusieurs facteurs spécifiques contribuent à la vulnérabilité économique des femmes immigrantes :

  • une connaissance proportionnellement moindre du français comparativement aux hommes immigrants ;
  • des réseaux de contacts limités au cercle familial et proche ;
  • une intégration plus tardive au marché du travail ;
  • une surreprésentation dans des emplois à temps partiel ;
  • une forte exposition aux pertes d’emploi lors des ralentissements économiques ;
  • des salaires inférieurs à ceux des hommes, qu’ils soient natifs ou immigrants, ainsi qu’aux femmes natives.

Ces réalités se confirment parmi les participantes de nos programmes, dont une large proportion réside à Parc-Extension. Elles vivent une précarité économique menant souvent à une dépendance familiale. La méconnaissance du français et du fonctionnement socioprofessionnel québécois freine leur accès à l’emploi. À cela s’ajoute la non-reconnaissance de leurs diplômes et expériences professionnelles, qui les écarte encore davantage du marché du travail. L’absence d’un réseau de soutien physique vient encore accroître leur isolement.

Participantes et cuisinière du service traiteur de Petites-Mains ; © photo : Gean Cartier.

Pour plusieurs, Petites-Mains représente donc bien plus qu’une première expérience de travail au Québec : c’est un tremplin vers l’autonomie professionnelle et sociale. L’absence d’une première expérience constitue un frein majeur à leur intégration professionnelle. Elles se heurtent à une exigence récurrente du marché : avoir une expérience « locale ». Cette barrière, souvent implicite, complique l’accès aux emplois, et contribue à renforcer leur marginalisation.

La force des organismes communautaires face aux défis croissants

Les défis socio-économiques de Parc-Extension se sont intensifiés au cours des dernières années, accentuant la pression sur les résident.e.s et les organismes communautaires. Les organismes communautaires faisant du dépannage alimentaire notent d’ailleurs une très forte augmentation de la demande et une diversification des profils des usagers et usagères.

Comme le souligne la Table de quartier de Parc-Extension, « Parc-Extension n’est pas un désert alimentaire, le quartier est de plus en plus un « mirage alimentaire » ». Ce concept désigne des milieux où, malgré une certaine disponibilité de denrées, la pauvreté empêche les résident.e.s les plus vulnérables d’y accéder pleinement.

Le portrait dressé par la Table de Parc-Extension met en lumière un quartier aux prises avec de lourds défis socio-économiques, mais porté par une profonde résilience et une solidarité majeure.

Ses organismes communautaires jouent un rôle vital en comblant les lacunes laissées par les services publics, en offrant des ressources tangibles telles que des paniers alimentaires, des services d’accompagnement, et un soutien en matière de logement. Par leurs actions, les organismes répondent donc aux besoins immédiats — alimentation, logement, accompagnement — tout en construisant, à plus long terme, des dynamiques de solidarité et d’autonomisation dans la communauté.

Toutefois, ces derniers font face à une charge de travail qui ne cesse de croître. Soutenir les organismes communautaires est essentiel pour aider les populations vulnérables et maintenir la cohésion sociale dans des quartiers comme Parc-Extension. En faisant un don ou en donnant de votre temps, vous contribuez directement à renforcer le filet social de Parc-Extension et à soutenir ses résident.e.s les plus vulnérables.

En conclusion, Parc-Extension incarne à la fois les promesses et les contradictions de la vie urbaine contemporaine : une richesse culturelle exceptionnelle confrontée à des défis socio-économiques importants. Ce portrait du quartier met en évidence leur ampleur, en particulier pour les femmes immigrantes. Dans ce contexte, des organismes comme Petites-Mains apparaissent non seulement comme des remparts contre l’exclusion, mais aussi comme des tremplins vers une intégration et une recherche d’équité. Cependant, pour que ces efforts portent leurs fruits de manière durable, il est essentiel de renforcer le soutien institutionnel et de valoriser les initiatives locales. Soutenir les organismes de Parc-Extension, c’est œuvrer pour une véritable égalité des chances et une inclusion durable.

Aller plus loin

Pour plus d’informations, consultez le Portrait de quartier Parc-Extension 2025.

Vous voulez aider ? Faites un don à l’un des organismes du quartier !
https://www.canadahelps.org/fr/

Bibliographie :
CNESST. (2023, 31 mars). Portrait des travailleuses immigrantes. Document d’information. https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/organisation/documentation/formulaires-publications/portrait-travailleuses-immigrantes  
Guay, E., Megelas, A. & Nichols, N. (2019). La gentrification contre le droit à la ville. Le cas de Parc-Extension. Nouveaux Cahiers du socialisme, (22), 198–204. https://id.erudit.org/iderudit/91547ac

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